Young Engineers Program
French Sumo Robot sur le dohyō pour propulser l’innovation robotique française
Association fondée en 2022 par Alexis Thézé et Claire Cimetta, French Sumo Robot (FSROBOT) est née d’une passion pour la technique et la robotique. Inspirés par les combats de robots découverts sur YouTube, le duo d’ingénieurs a entrepris de construire un réseau d’acteurs pour concrétiser son projet.
En quelques années, ils sont passés de simples amateurs de compétitions à une équipe qui se distingue sur la scène internationale.
Dès les premières étapes, Alexis et Claire ont compris qu’ils ne pourraient pas réussir seuls pour rattraper des équipes parfois présentes depuis plus de six ans. Ils ont donc mobilisé un réseau de partenaires français aux compétences variées, de l’usinage de précision à la fabrication additive, pour donner naissance à une machine capable de rivaliser avec les meilleures équipes du monde.
Le projet n’est pas seulement technique, il est aussi humain. Chaque compétition est une occasion d’échanger avec les meilleures équipes, d’apprendre de leurs stratégies et d’adapter leur propre approche. Cette volonté de progression constante a permis à French Sumo Robot d’accéder aux quarts de finale des plus grands tournois, une prouesse pour une équipe qui n’existait pas il y a encore quelques années.
Le sumo robot : entre défis technologiques et ambitions sportives
Qu’est-ce que le sumo robot ?
Le sumo robotique est une discipline où deux robots autonomes s’affrontent dans un cercle appelé dohyō. L’objectif est simple : expulser l’adversaire de l’aire de combat en utilisant des stratégies alliant puissance, vitesse et anticipation des mouvements. Comme pour le sumo traditionnel, en somme. Exception faite que les robots démarrent dès la réception d’un signal envoyé par l’arbitre. Petite démonstration : Tournoi Cluj 2024
Il existe plusieurs catégories avec ses propres règles et consignes. French Sumo Robot concourt dans la classe Mega Sumo autonome, où les robots combattants sont de dimensions maximales de 20 × 20 cm et limités à un poids de 3 kg. Ils doivent également être autonomes, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas pilotés à distance.
Ces contraintes de masse, de rapidité et de précision imposent naturellement une ingénierie fine, où chaque composant joue un rôle clé dans la performance globale, un équilibre étant nécessaire entre performance et robustesse.
Les équipes doivent alors optimiser leurs robots en travaillant, entre autres, sur sa célérité, son adhérence et sur l’optimisation du système embarqué et sa capacité de détection.
«Nous avons vite compris que la victoire ne résidait pas seulement dans la puissance brute. Il faut assurer une harmonie entre vitesse, précision, gestion de la masse totale et adhérence, tout en ayant une bonne robustesse pour résister aux chocs. Chaque ajustement, même minime, du système peut être déterminant, car les rounds durent rarement plus de trois secondes.» – Alexis Thézé, co-fondateur et ingénieur de French Sumo Robot
Chaque combat devient ainsi un défi technologique, où l’optimisation des matériaux et des algorithmes joue un rôle clé et, chaque année, toutes les équipes améliorent leurs robots en ce sens.
French Sumo Robot travaille notamment avec des matériaux techniques tels que la fibre de carbone ou encore via la fabrication additive en PEKK. Ces matériaux haute résistance permettent justement d’allier gain de masse et robustesse. Depuis début 2024, presque toutes les pièces structurelles sont usinées en France.
Les champions made in France
French Sumo Robot engage actuellement trois robots en compétition : deux d’entre eux affrontent déjà les meilleures équipes, tandis que le troisième est encore en phase d’amélioration.
Petite particularité : leurs robots sont dotés de bras qui se déplient en début des combats, surmontés de fanions aux couleurs de leurs principaux sponsors. Ceux-ci sont en réalité des leurres à destination des robots adverses.
Les trois robots sumos de l’équipe French Sumo Robot
French Sumo Robot et maxon : une collaboration pour atteindre le podium
Genèse du partenariat
Dès leurs premières compétitions, l’équipe a dû faire face à un constat sans appel : la motorisation de leurs robots n’était pas au niveau.
Déjà convaincus par la qualité des moteurs maxon, le duo avait acquis des moteurs d’occasion, mais ceux-ci n’offraient pas la puissance et la vitesse nécessaires pour l’utilisation qu’ils en avaient. C’est en échangeant avec d’autres équipes, plus expérimentées, que s’est confirmée une certitude : pour aller plus vite et éjecter l’adversaire, tout repose sur les moteurs.
Face à cette réalité, Alexis et Claire ont pris une décision audacieuse : écrire directement à maxon pour solliciter un partenariat.
Touchés par leur demande et impressionnés par la qualité de leur travail et leur professionnalisme, les équipes maxon leur ont proposé d’intégrer le programme YEP (Young Engineers Program).
French Sumo Robot a ainsi bénéficié d’un soutien concret :
- une enveloppe budgétaire,
- un accès privilégié à l’e-shop maxon,
- un accompagnement technique sur mesure, avec des conseils d’experts pour tester et configurer les moteurs les plus adaptés aux exigences de la compétition.
Présentation des robots combattants dans les locaux de maxon
La sélection des nouveaux moteurs
Après une analyse approfondie de leurs besoins par les équipes Maxon France, et en tenant compte de la transmission mécanique actuellement présente sur les robots, FSROBOT a opté pour des moteurs DCX.
Ce choix repose sur plusieurs critères essentiels :
- un rapport puissance/poids optimal permettant des accélérations explosives.
- une vitesse élevée et une réactivité exceptionnelle pour une meilleure adaptation en combat.
- une robustesse éprouvée face aux chocs, vibrations et cycles répétés des combats.
- une densité de puissance élevée, garantissant des performances maximales dans un encombrement réduit.
- un rotor sans fer breveté, offrant un dynamisme exceptionnel et limitant les perturbations électromagnétiques.
Grâce aux outils de configuration en ligne fournis par maxon, Claire et Alexis ont pu personnaliser plusieurs aspects techniques des moteurs, notamment la longueur de l’arbre, le diamètre et le type de fixations.
Tout ceci a permis une intégration immédiate, sans modification de la transmission mécanique existante ou même du flasque sur lesquels sont montés lesdits moteurs.
Le petit plus : chaque moteur a été gravé au nom de l’association.
Le résultat ?
Depuis l’adoption des nouveaux moteurs, les performances de l’équipe ont connu un véritable bond en avant. Désormais, French Sumo Robot atteint régulièrement les quarts de finale des plus grandes compétitions internationales.
Fin 2024, à Tokyo, l’un des deux robots a par ailleurs atteint les 8e de finale, se plaçant ainsi dans le top 16 sur les 70 robots engagés. Récap Tokyo 2024
L’avenir de French Sumo Robot : ambitions et perspectives
French Sumo Robot ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. L’équipe envisage d’améliorer encore ses performances en intégrant aussi des moteurs Maxon DCX sur le troisième robot, ce qui permettrait d’homogénéiser leur parc et de maximiser la puissance et la réactivité de leur troisième robot.
En parallèle, une modification de la carte mère est en cours pour réduire sa masse et intégrer davantage de capteurs, rendant la détection des adversaires encore plus précise et permettant une meilleure adaptation en temps réel aux stratégies adverses.
Un autre enjeu clé pour l’avenir de French Sumo Robot est de trouver des sponsors financiers pour couvrir les coûts de déplacement et d’inscription aux tournois. Actuellement, les soutiens matériels sont nombreux, mais les frais liés aux compétitions restent un défi à relever.
Enfin, l’association veut jouer un rôle dans le développement de la robotique de compétition en France. Encourager la création de nouvelles équipes françaises, sensibiliser les jeunes aux disciplines robotiques et organiser des événements accessibles font partie de leurs ambitions.
L’histoire de French Sumo Robot illustre parfaitement comment passion, persévérance et partenariats stratégiques peuvent propulser un projet vers l’excellence. Ce n’est plus simplement une aventure personnelle, c’est désormais une mission nationale : prouver que la France a toute sa place parmi l’élite mondiale de la robotique de compétition.
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